En dépit d'un ciel chargé de nuages menaçants (bref, le ciel du Nord dans toute sa splendeur), nous nous décidâmes, en ce samedi 8 octobre 2011, mon ami YiTi (que j'aime user de ce diminutif infantilisant qui lui convient tant) ainsi que moi-même, d'aller nous promener à Ors (petite commune du Hainaut, dans le département du Nord), découvrir ses alentours et plus précisément le, quoique modeste par son étendue, superbe massif forestier qui l'avoisine : le Bois-l'Evêque.
Suivant sur ce point les indications précises du guide " Le Nord... à pied ", nous partîmes de l'Eglise d'Ors, franchîmes rapidement la voie ferrée (le train passe à Ors, qu'on se le dise), puis longeâmes quelques charmantes maisonnées parsemées sur les abords de cette petite route de campagne que nous empruntions, avant que de pénétrer enfin dans ce sanctuaire naturel. Nous y accédions par le chemin de terre amenant à un ancien terrain militaire, qui bien qu'abandonné continue d'y siéger (l'être humain, ou plutôt son ersatz occidental, semble posséder cette étonnante propension que celle de violer aisément ce qu'il a reconnu comme sacré). Arrivé à son portail, pour le moins rébarbatif, on s'en doutera aisément, nous n'avions d'autre choix que de faire le tour de l'architecture soldatesque. Le décor rappelait, ceux qui butinent sur la toile se figureront aisément l'image, les vestiges de ces villes désertes situées aux alentours de Tchernobyl, telles que Pripyat, où la nature a repris ses droits. L'endroit, par ce pittoresque, ne manquait sans doute pas d'intérêt pictural, mais l'empreinte humaine par trop orientée et marquée ne nous incita guère à en conserver une trace photographique.
Alors que nous suivions l'étroit chemin de contournement, son cours épousa un angle marqué de la construction martiale. Ce fut à ce repère pour partie naturel que nous l'abandonnâmes pour nous enfoncer davantage dans les bois.
Alors que nous suivions l'étroit chemin de contournement, son cours épousa un angle marqué de la construction martiale. Ce fut à ce repère pour partie naturel que nous l'abandonnâmes pour nous enfoncer davantage dans les bois.
L'aventure commence |
Pour les petits citadins ternes et maussades qu'à notre grand dam nous sommes, le dépaysement promis se révéla un enchantement de tous les instants.
Tels deux Hobbits fuyant la Comté, fatigués de la vaine activité bruyante et incessante de leurs congénères, un sentiment particulier et diffus nous happât doucement, qui ne nous lâcha plus : celui du bonheur d'être enfin seuls, débarrassés de l'anneau, délivrés de cette morne tyrannie que nos semblables nous infligent par leur triste compagnie.
La traversée (heureusement balisée - que savent lire les citadins égarés si ce ne sont flèches, signaux lumineux et autres panneaux de signalisation - quand ils ne sont pas masqués par ceux publicitaires ; la société de consommation ne serait-elle que source d'égarements ?) de ces contrées sylvestres fut une odyssée de la sérénité retrouvée. Mais pas que... Ce fut aussi l'occasion de renouer avec un univers de sensations oubliées, comme enfouies sous le tapis de feuilles que nous foulions de nos pas mal assurés ; simplement mais assurément, nous vivions ce fameux appel des sens, comme la réactivation de sens endoloris, atrophiés, qui sous l'effet d'une profusion de stimulations se redéploient, comme les joies de retrouvailles avec une sensualité primitive mais ô combien fondamentale. Curieusement la promenade prendrait incontestablement les couleurs d'un parcours quelque peu initiatique car à cette rencontre sensuelle, à laquelle nous conviait tout naturellement notre environnement immédiat, allait se succéder une communion plus spirituelle, peut-être d'ordre mystique, lorsque l'endroit visité se révéla propice à l'effleurement de cette dimension divine que la vie moderne néglige tout autant.
Tels deux Hobbits fuyant la Comté, fatigués de la vaine activité bruyante et incessante de leurs congénères, un sentiment particulier et diffus nous happât doucement, qui ne nous lâcha plus : celui du bonheur d'être enfin seuls, débarrassés de l'anneau, délivrés de cette morne tyrannie que nos semblables nous infligent par leur triste compagnie.
Yiti tape la pose " Scarla lova " |
Au royaume d'Eumycète
Ainsi que me le faisait remarquer mon camarade de marche, avec cette suavité toute particulière et une poésie déconcertante : " Albertine, tes pieds sont comme la forêt : c'est une collection de champignons ", la forêt de Bois-l'Evêque abonde de ces merveilleux sporophores qui attisent nos pupilles et qui, pour certains, avec science élus et goût cuits, régalent nos papilles.
A gauche : sans doute une amanite tue-mouche (non comestible) ; à droite : peut-être une amanite solitaire (également non comestible) |
Nous laissons le soin aux blogueurs spécialistes de la matière d'apporter tout élément susceptible de nous éclairer et corriger sur les noms donnés aux quelques spécimens ici présentés.
Un lieu sacré et consacré
Alors que nous poursuivions notre exploration des lieux comme deux gosses ravis, une drève coupa notre chemin (que n'apprenons-nous pas sur ce blog - et surtout grâce au guide - la drève est un terme employé dans le Nord de la France pour désigner une ligne droite traversant la forêt ; il semble qu'il dérive du vocable néerlandais "dreef " signifiant "allée") ; elle nous mena à la chapelle Notre-Dame-de-Bonsecours. La date d'édification de la charmante bâtisse ne nous est, hélas, guère connue et nos maigres (pour ne pas dire inexistantes) connaissances en histoire de l'architecture nous laissent quelque peu désarmés face à la tentative de la découvrir.
Une majesté naturelle |
Où te caches-tu Albertine ? |
Faut varier les points de vue. |
Non loin de là se trouve une fontaine (la Fontaine de l'Ermitage) qui d'après les informations concordantes du guide et de la page internet de Wikipédia fut jadis un site vénéré par les Celtes Nerviens (nos ancêtres les Gaulois, quoi - mon acolyte me fit alors observer que sa mère est d'origine polonaise et que son père aurait de lointaines racines espagnoles voire mauresques ; je ne sais si c'était pour jouer le râleur ou le pédant).
Albertine, tout simplement photogénique (non mais vas-y pousse-toi, tu gênes la photo là) |
Une eau claire, non souillée : le croirait-on au XXIe siècle ? |
lumière/obscurité, Civilisation/Nature, aucune discontinuité... |
Le guide proposait de poursuivre le parcours sur une assez longue distance, mais parce qu'en cette heure de la journée, le jour commençait à tomber et le ciel, décidément de plus en plus ombrageux, ne s'y prêtait que fort peu, nous décidâmes de rentrer, sans pour autant se contenter de rebrousser chemin. A quelque pas se situait une fourche où prenait naissance une laie que nous suivîmes jusqu'à l'orée de la forêt.
(à suivre...)
Jolie présentation ! Bucolique bien qu'automnale... Vivement la suite !
RépondreSupprimertest vrai commentaire suivra bisous
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